Généralement conscients des nouvelles limitations qu’ils rencontrent avec l’âge, les seniors ressentent une appréhension nouvelle au cours de situations courantes, ce qui génère du stress et une peur des autres usagers. Or, rester mobile est une des clefs de l’autonomie. Un enjeu fort pour ces seniors qui, malgré leur expérience de la route et une relative sagesse, doivent s’accommoder avec une certaine baisse de leurs capacités physiques et psychiques inhérente à l’âge. L’adoption de pratiques simples peut toutefois permettre de continuer à rouler avec le maximum de sécurité.
Diminution des capacités physiques
Plus il avance dans l’âge, plus un conducteur voit ses capacités physiologiques diminuer. En conséquence, son aptitude à conduire en toute sécurité réduit également. Avoir conscience des effets induit par le vieillissement sur le corps peut permettre d’envisager une conduite plus responsable encore.
Globalement, la vue baisse avec l’âge. Les visions de près et de loin sont de moindre qualité, tout comme la capacité à passer de l’une à l’autre. Idem, la faculté à identifier un objet distinctement se réduit, d’autant plus que le champ visuel se rétrécit naturellement.
L’œil des seniors est également moins performant face à la lumière. Au volant, il est courant qu’un conducteur doive faire face à un éblouissement. Le temps passant, la capacité de récupération décroit : dix secondes à 25 ans et plus de deux minutes chez les personnes de plus de quarante ans. Par ailleurs, la perception des couleurs, des contrastes et de la luminosité se dégrade au fil des années.
En vieillissant, les facultés auditives diminuent également. Différencier les sons et discerner leur origine devient plus difficile pour le conducteur, ce qui peut réduire sa faculté à bien identifier – et donc réagir – à un danger.
Confronté à une situation périlleuse, un senior doit faire avec un temps de réaction plus long. Avec l’âge, les réflexes diminuent et la capacité de concentration régresse. Enfin, certains mouvements s’exécutent avec moins de facilité que quelques années auparavant en raison de raideurs articulaires ce qui peut générer de l’appréhension, des situations de stress et la une peur des autres.
20% des décès sur la route concernent les plus de 65 ans
Alors qu’ils représentent 17% de la population française, les plus de 65 ans rassemblent 20% des personnes décédées sur la route en tant que conducteur ou passager d’un véhicule. Un constat qui permet de confirmer leur fragilité sur les routes. Dans le même temps, une personne plus âgée se remet plus difficilement de blessures graves qu’une plus jeune, le corps d’un senior étant plus altéré.
Ces accidents mortels se déroulent le plus souvent de jour et sur des routes familières. Certaines situations sont particulièrement accidentogènes : le démarrage après un stop notamment, puisque celui-ci réclame une bonne appréciation de la situation et une capacité à mettre rapidement le véhicule en mouvement. La prise de routes ou autoroutes à contresens est également une situation fréquente.
Adapter sa conduite et mieux se connaître en tant que seniors
La première et la meilleure des attitudes afin de prolonger son autonomie est de consulter régulièrement son médecin. En effet, il est capable de mesurer les effets de l’âge sur la physiologie et saura en déceler les éventuels impacts sur la conduite.
Par ailleurs, ces consultations permettent également au senior de prendre conscience de ses capacités du moment. La sagesse commande d’être à l’écoute de l’entourage afin d’évaluer sa faculté à conduire en toute sécurité tout en gardant à l’esprit que des déficits de vue ou d’ouïe, par exemple, handicapent fortement la conduite.
De petits accrochages anodins ? Une difficulté à manœuvrer ou quelques erreurs nouvelles ? Le conducteur senior doit être vigilant envers ces petits avertissements qui trahissent peut-être une baisse de ses capacités physiologiques.
Comme l’ensemble des conducteurs, les seniors doivent bien se renseigner avant de conduire sous l’effet d’un médicament. Y a-t-il une contre-indication pour prendre le volant ? À nouveau, le plus simple est encore de s’en référer au médecin qui l’a prescrit.
Comme pour n’importe quel conducteur, la consommation d’alcool, de drogue est prohibée et altère considérablement la capacité à conduire. Par ailleurs, les sucreries et les aliments riches en graisse, et donc difficiles à digérer, ont une incidence sur la capacité de concentration et les réflexes (somnolence post-prandiale).
Un senior en pleine conscience de ses capacités devra donc s’éviter ce genre de consommations mais également anticiper des sources de perturbations : éviter les périodes de la journée propices aux bouchons et réviser son trajet avant de prendre la route. Plus sensible à la fatigue, le conducteur senior devra se méfier du manque de sommeil et s’autoriser une sieste ou une pause dès que les premiers signes de fatigue se font ressentir. L’application « Des Routes à vivre » peut aider à se repose grâce à son atelier de microsieste.
Enfin et dans la mesure du possible, il peut être plus prudent d’éviter de prendre son véhicule de nuit ou bien durant des intempéries. En effet, prendre la route de nuit ou par mauvais en se disant que réduire sa vitesse sera suffisant est une fausse bonne idée : le véhicule devient un élément gênant voire dangereux car roulant à une vitesse anormalement basse en comparaison des autres conducteurs.
En outre, une réduction trop importante de la vitesse peut être gênante pour les autres utilisateurs de l’espace public routier, et même génératrice de tensions ou d’accidents.
Adapter son véhicule
Certains investissements sur son véhicule peuvent aider le conducteur senior à pallier une baisse de ses capacités.
Par exemple, la direction assistée ou encore le réglage électrique des rétroviseurs peuvent s’avérer utiles. Idem pour la boîte de vitesse automatique et, plus largement, tous les dispositifs d’assistance qui permettent de mieux se concentrer sur la route et donc la sécurité de la conduite. Il peut également être opportun de faire installer un rétroviseur additionnel afin de réduire au maximum les angles morts.
Choisir une voiture avec de larges surfaces vitrées peut également permettre aux seniors de prendre conscience de leur environnement avec plus de célérité.
Il est également possible de faire aménager son poste de conduite en cas de difficultés motrices. Mais cette éventualité est très réglementée et le conducteur doit, avant d’entamer toute modification, passer une visite médicale à la préfecture ou auprès d’un médecin agréé par celle-ci. A noter que des aides financières peuvent être obtenues sous conditions via l’APA (allocation personnalisée d’autonomie) gérée par le conseil départemental.
Remises à niveau
Stages de remises à niveau
Ouverts à tous les seniors, des stages de remise à niveau permettent de remettre à jour ses connaissances sur la bonne conduite à adopter sur l’espace public routier via des questionnaires ou encore des tests de ses réflexes face à des situations de danger. Le code de la route étant évolutif, cela permet également de prendre connaissance de changements récents.
Ces stages sont organisés par diverses collectivités, des associations d’automobilistes ou encore des auto-écoles conscientes du besoin exprimé par les plus âgés.
Cours de conduite post-permis en auto-école spécial Seniors
Réaliser un stage en auto-école en reprenant des leçons de conduite spécialisées post-permis de conduite peuvent également être une bonne option. En effet, des leçons de conduite spécifiques aux difficultés liées à l’âge sont mise en place. Cela permet d’avoir accès à un suivi personnalisé et en conditions réelles.
Seniors : garder la forme !
Enfin, il est essentiel de maintenir une certaine mobilité physique et une souplesse articulaire. Pour cela, suivre un cours de yoga, de stretching ou bien encore de gymnastique douce de manière régulière est un bon moyen d’assurer cette mobilisation du corps.
Par ailleurs, il existe des ateliers, stages ou formation dédiés spécifiquement à cette mobilité physique des seniors en lien avec la mobilité dans l’espace public routier. C’est le cas du programme « Les Seniors de la route » proposée conjointement par la Fondation de la route et l’IRPS, son partenaire en prévention santé.